Une nuit noire.
Une nuit sans lune.
Une nuit bruyante ...
Un orage violent s'abattait sur la campagne septentrionale de la forêt de Sylvania ce soir là. Des éclairs déchiraient le ciel et zébraient celui-ci de reflets bleutés. Le vent se déchainait sur ce pays situé à l'Est du Mootland, patrie des halflings, déracinant les arbres les moins vigoureux et véhiculant des trombes d'eau à s'en faire noyer un géant.
C'est une région hostile, toujours plongée dans la pénombre et la brume, où des châteaux abandonnés se dressent sur des collines stériles, impropres à l'agriculture et à l'élevage de bestiaux.
Quand on parcourt ses routes, on peut tomber sur de rares bourgades où des villageois menaçants, dont certains présentent les stigmates évidents de mutations, bafouillent de vagues conseils sur les dangers de s'y risquer seul dehors la nuit. Nul homme sain d'esprit ne s'aventurerait sur les routes de cette région une fois la nuit tombée et aucun chevalier se livrant à une quête, aucun pèlerin épuisé n'accepteraient de passer la nuit dans un des châteaux lugubres qui sillonnent cette campagne.
Plusieurs légendes de villageois racontent l'histoire d'un homme à l'allure noble, au visage blafard et aux yeux rouges, vous emmenant dans son château pour vous étudier comme l'aurait fait un épicurien Bretonnien devant un repas composé des mets les plus raffinés.
Son domaine se trouverait dans la forêt du Lac Noir, au sommet d'une montagne escarpée n'ayant qu'un seul point d'accès et presque impossible à pratiquer à cheval.
Mais vous savez ce qu'on dit des légendes ?
Déformations de véritables histoires au fil du temps. Histoires de grands-mères pour effrayer les enfants. Racontars et vantardises de voyageurs solitaires pour s'attirer les faveurs de filles crédules ...
Mais vous savez aussi ce qu'on dit des légendes ?
Parfois elles sont vraies !
Cet homme et ce château existent bel et bien, des gargouilles sinistres sortent de tous les murs de cet antique construction. De grandes tours lugubres dominent l'ensemble, quelques unes d’entre elles sont à moitié détruites et envahies de chauves-souris. Une odeur de moisi et de pourriture emplit l'air. Le sang et le mal semblent présents dans chaque pierre de ses murs épais, fissurés et couverts de lichen.
Rapprochons nous un peu.
Dans la cour du château, à quelques pas du portail déglingué et rouillé, se trouvait un carrosse noir aux décorations morbides : des têtes de toute sorte de races piquées à des lances ornaient le haut de ce véhicule : humains, nains, orcs, presque tous étaient représentés.
Des rideaux noirs brodés finement couvraient les portes. Mais pas le moindre signe de chevaux pour tirer cet engin.
Derrière le carrosse, au ras du sol, on distinguait une petite fenêtre à barreau d'où sortait une lueur vacillante qui semblait défier cette profonde nuit noire.
Derrière cette fenêtre, un chandelier portant 6 bougies en train de se consumer éclairait une vaste pièce humide et silencieuse ...
Jusqu'au moment ou :
- Igor ! Tenailles ! ordonna un homme au teint blanchâtre, sapé d'une blouse blanche maculée de sang et d'autres taches indescriptibles.
- Tout de suite Her Doktor. A vos ordres Her Doktor. Voilà Her Doktor, s’exécuta un petit homme trapu et bossu.
- Cesse de m'appeler comme ça ! Je déteste que l'on me compare à un vulgaire chirurgien barbier. Je suis un créateur, un génie, un ... ARTISTE ! cria t-il, si fort que ces dernières paroles se répercutèrent en écho pendant quelques secondes.
- A vos ordres Her ... Monsieur, se reprit le bossu.
- Pinces ! Fil ! Aiguille ! Eponges ! VITE ! pfff, souffla l'homme en jetant un regard furibond à son assistant.
L'homme en blouse semblait occuper à opérer sur un homme encore vivant puisqu'à chaque coup d'aiguille le corps était comme parcouru de spasmes. Ce corps était attaché solidement à la table d'opération par des sangles en cuir couvertes de tâches de sang séché, probablement les anciennes "opérations".
- Et voilà. C'est terminé. Mon plus beau chef-d'oeuvre ! s'exclama t-il.
Ma collection est maintenant complète Igor. Je suis fatigué, allons manger et nous divertir.
Détache-le ! Il se réveillera dans quelques heures.
- Pourrais-je manger le reste de son corps Her Doktor ? demanda Igor tout en dénouant les liens.
- Non ! J'en ai besoin. Tu n'as qu'a te trouver quelques cafards dans le cellier ou des limaces dans le jardin.
- Très bien Her Doktor. Merci Her ..
- Igoooooooooooooor !!!!
Ils sortirent de la pièce et laissèrent le "patient" allongé sur la table dans un silence qui redevint pesant.
Dernière édition par Poulp le Mar 24 Mar - 8:48, édité 1 fois