Les joueurs et moi-même nous dépêchâmes de quitter le terrain pour rejoindre les couloirs menant au vestiaire et nous mettre à l’abri. Il nous fallu courir vite, très vite, mais même devant notre vestiaire une poignée d’énergumènes vraiment fâchés nous attendait. Pas d’autre choix, il nous fallut sortir les surins et nous frayer un chemin en taillant à contrecœur dans la chair druchiie, mais à ce moment précis, c’était clairement eux ou nous.
Malheureusement, certains joueurs qui n’avaient pas saisi la gravité de la situation furent happés par la foule déchainée qui les mit en pièces. L’idée d’aller trouver refuge dans les vestiaires se révéla être une très mauvaise idée, nous perdîmes beaucoup de gars, et des âmes bien intentionnées avaient ouvert les vestiaires aux hooligans pressés d’en découdre tant et si bien que la situation devint critique.
Dans la mélée, je distribuais des coups de lâmes à n’en plus finir, mais la foule, comme attirée par le sang n’en finissait plus de venir sur nous pour nous mettre les tripes à l’air.
Alors que nous étions sur le point d’être submergés, une gigantesque boule de lumière traversa le couloir, engloutissant tout sur son passage. Durant quelques brefs instants, nous fumes tous aveuglés. Puis, quand notre vision revint, nous pûmes constater que le calme était renevu dans le couloir. Des dizaines d’ultras de Lacava gisaient par terre, baignant dans leur sang.
Devant nous se tenait un petit groupe de Druchiis encapuchonnés et emmitouflés dans de grandes capes bleues aux reflets surnaturels. De leurs apparats dépassaient de grandes lames sur lesquelles dégoulinait le fluide vital de fans de Lacava.
L’un deux s’avança.
-D’autres vont arriver dans peu de temps. Suivez nous si vous voulez vivre.
Brièvement, je me suis retourné. A mes côtés il ne restait plus qu’Albus Boomrang et Jonny Big Hood. Le reste de l’équipe avait pour certains des gars, réussi à se tirer de ce guêpier, et pour certains autres, péri des mains de leurs propres supporters.
Sans cogiter outre mesure, nous suivîmes ceux à qui nous devions la vie. Ils appartenaient à la guilde du Corbeaux, une confrèrerie mystérieuse considérée par beaucoup comme le bras armé du Prince de Lacava..
Je fut surpris de voir comme les lieux semblaient être familiés aux Corbeaux. On aurait pu dire sans être très loin de la vérité qu’ils connaissaient les artères du Riazork comme leur fond de poche. Nous empruntâmes les portes et les corridors dérobés et nous fûmes bientôt dehors. Quelques arabesques plus loin pour éviter les patrouille orques, et nous étions en route pour la belle mais néanmoins vénéneuse Lacava…
To be continued...
Heureusement pour Albus, Jonny et moi, un sorcier de la guilde et d'autres Corbeaux nous attendaient à la lisière des territoires Orques. Hedriss, le leader du groupe qui était venu nous chercher au Riazork nous expliqua qu'ils avaient du scinder leur groupe en deux pour assurer plus de discrétion.
Visiblement leur choix avait été judicieux...
Le sorcier incanta un sortilège de téléportation et nous fûmes bientôt de retour à Lacava. La nuit était claire et la cité semblait s'être assoupie. Au loin derrière les crêtes qui entouraient une partie de la ville druchiie, la Tour du Nord se découpait et la lune qui était pleine, semblait s'en être approchée pour palabrer avec elle.
Nous nous dirigeâmes vers le Monastère. J'avais beau vivre à Lacava depuis des années, je n'avais jamais pu pénétrer à l'intérieur de cette épaisse bâtisse protégée par de hautes murailles. Pour beaucoup de citoyens de Lacava, le Monastère était un repère d'assassins à la solde du Prince de la cité. S'en approcher sans y être invité, c'était prendre le risque d'attirer l'attention sur soi et après, qui sait de quelle manigance vous pouviez être l'objet...
A cette heure tardive, le Monastère lui aussi semblait désert. Nous ne croisâmes pour ainsi dire personne. On nous emmena dans une espèce de dortoir au confort minimal. D'autres druchiis étaient déjà installés, tous dormaient à l'exception de la sentinelle qui veillait sur eux, ou les surveillait...
Albus, Jonny et moi-même ne demandâmes pas notre reste. Nous choisîmes chacun une paillasse et nous effondrâmes, lasses, harassés par ces terribles heures auxquelles nous avions bien failli ne pas survivre.
Le lendemain, Heidriss vint nous réveiller et nous emmena à la salle commune pour prendre un petit déjeuner. Le menu était copieux, et nous pûmes nous rassasier comme il le fallait. Le réfectoire était plein de druchii tous vêtus de ces magnifiques capes à capuches aux reflets surnaturels. Nous étions en train de manger aux milieux des Corbeaux qui avant nous aurait pu s'en vanter? Pas grand monde pour sûr...
La salle bruissait des bruits de couverts, des conversations animées d'une table ou d'une autre et parfois même de rires aux éclats. On était bien loin de l'image austère et glaciale que dégageait la guilde hors de ses murs...
Certains, qui arrivaient et passaient devant nous, nous saluaient comme si nous étions de vieux pensionnaires. Qui aurait pu le croire?
A peine le temps d'engloutir une dernière tartine au saucisson d'orc qu'Heidriss vint nous chercher. Nous nous levâmes et nous nous rendirent compte que tous les corbeaux présents dans la salle commune en avait fait autant. On nous pria de suivre notre hôte qui nous emmena dans la grande cour du monastère. Le ciel était bleu et la journée s'annonçait radieuse. Le monastère avait, en cette matinée, pris vie. Des Corbeaux allaient et venaient, vaquaient à leur occupations. Moi qui pensais qu'ils n'étaient qu'une quinzaine tout au plus, ils étaient en réalité bien plus nombreux...
Nous attendîmes là quelques instants. Albus et Jonny s'échangeaient des regards étonnés tintés d'une certaine appréhension.
Puis les deux grands clochers du bâtiment principal se mirent en branle et les deux énormes cloches qui se trouvaient à leur sommet délivrèrent à l'unisson un son très grave qui fit résonner jusqu'à mon échine. Là, tous les Corbeaux arrêtèrent ce qu'ils étaient en train de faire et vinrent se rassembler derrière Heidriss, parfaitement alignés comme l'aurait pu être un corps de troupes.
La lourde et énorme porte principale s'ouvrit sans grincer, laissant bientôt apparaitre une silhouette filiforme richement vêtue. A sa suite lui emboitèrent le pas quatre gardiens de la Citadelle de Lacava. Plus aucun doute, il s'agissait du Prince de Lacava, Sato de Malnerune en personne.
Les Corbeaux, Heidriss en tête, s'inclinèrent et posèrent un genou à terre. Je me retournai brièvement, Albus et Jonny en avaient fait de même mais je n'eu pas le temps de réagir que le Prince était là devant moi, ses yeux rougeouyants plongés dans mon regard, scrutant chaque recoin de mon âme.
-Ainsi donc voici le coach qui fait tellement parler à Lacava. Un prince se présente à lui et il ne lui accorde pas les hommages auxquels il a droit, il reste là devant lui, à sa hauteur comme s'il était son égal, sans même se demander si son attitude est honnête vis à vis de son seigneur.
-Je... je n'ai pas pensé à mal Mon Seigneur.
-C'est bien ce que je te reproche, Ostriker, si cela est bien ton nom... Ainsi donc tu es de retour à Lacava. Certains membres du Conseil de la cité se sont interrogés sur le bien fondé de compter parmi nous un individu tel que toi, le sais-tu?
-Euh... je...
-Laisse-moi finir veux tu? Ton insolence te dessert énormément le sais-tu? Cela fait beaucoup de questions n'est-ce pas? Pour ta gouverne saches que si tu es revenu vivant du Riazork, ce n'est pas de mon fait. Mais ton investissement pour ton ancienne équipe au sein de la Cabalvision n'est pas passé inaperçu, et personne ne peut te contester l'amour que tu portes à ton métier de coach. Tes résultats, même s'ils en ont déçus quelques uns, sont pourtant restés honorables.
Voici le marché. Les Corbeaux t'ont choisi pour être leur nouveau coach. Tu as une licence de coach de la Cabalvision et les Corbeaux veulent intégrer un championnat prestigieux pour pouvoir se mesurer à de grandes équipes.
Si tu deviens leur coach, que tu les aide à grandir, et que par ton attitude, sur, et hors du terrain, tu consacre toute ton énergie à ce que l'image des Corbeaux, ton image et celle de Lacava soit grandie et honorable, alors je te laisserai la vie sauve. Si tu refuse ce marché, ou que tu échoue, tu mourras et je m'arrangerai pour que le vieux monde en oublie jusqu'à ton nom.
Que décides-tu? Ostriker?
Mon sang ne fit qu'un tour.
-J'accepte Mon Seigneur.
-Bien. Qu'il en soit ainsi. Considère ceci comme une seconde et dernière chance. Je sais qui tu es Ostriker, je ne suis pas dupe, et mon Conseil n'est pas dupe non plus. Fais en sorte de ne pas déclencher mon courroux, ou je ferai en sorte que tu le regrette même une fois que tu auras disparu de ce monde.
-Je ne vous décevrai pas.
Le Prince ne me regardait déjà plus. il braquait à présent son regard sur Albus et Jonny.
-Mais qui vois-je là? Ne s'agirait-il pas d'Albus Boomrang et de Jonny Big Hood?
Mes deux compagnons acquiescèrent d'un léger coup de menton sans même redresser la tête.
-Aaaah mais il fallait commencer par là, relevez-vous mes amis, je peux avoir un othographe s'il vous plait? Albus, votre pointe de vitesse est étincelante, quant à vous Jonny, votre sens du placement m'a fait plus d'une fois rêver la saison dernière, encore bravo !
J'imagine que si vous êtes dans cette enceinte et encore en vie, c'est que les Corbeaux ont des projets pour vous. Je les laisse s'occuper de vous.
Sato de Malnerune prit congé avant, quelques mètres plus loin, de faire volte face.
-Oh j'oubliais, un parasite assez malin mais assez fou pour se faufiler à travers les sortilèges de téléportation a fait irruption dans la Cité. Il criait partout qu'il était votre assistant. Il a failli se faire écharper vingt fois, mais il faut croire que les Corbeaux étaient étonnements biens disposés. Je vous le rend. Faites en sorte qu'il se montre discret. Nous avons ici une réputation à tenir, et d'habitude, ce genre de créature sert d'amuse gueule à nos hydres de combat...
Le Prince et sa suite s'éloignèrent et quittèrent le Monastère. Un cri très aigu se fit entendre au loin, se rapprochant seconde après seconde. Un point noir apparu dans le ciel, lui aussi grossissait à vue d'oeil. J'eut juste le temps de m'écarter qu'une masse verte s'éclata à mes pieds, soulevant un nuage de poussière. J'entendis tousser puis le petit tas vert se déplia, s'agitant en tous sens pour dissiper le nuage.
-Mon Maître?
C'était lui !
-Missclik !!! Viens dans mes bras vieille carnasse !!!
Jamais je n'avais été aussi content de voir cette vieille mais néanmoins fidèle crevure de gobelin. Mais nos retrouvailles furent de courte durée. Heidriss vint à notre rencontre.
-Venez, suivez moi, je vais vous montrer nos installations.
Nous partîmes ainsi découvrir le "Perchoir" le stade des Corbeaux, qui était magnifique même si pour le moment il n'avait accueilli en son sein que quelques succès d'estime. Je me fis la promesse qu'un jour les supporters s'y réuniraient pour fêter un titre pour leur équipe...
To be continued.
Dernière édition par Ostriker le Dim 6 Jan - 5:06, édité 4 fois