[EQUIPE] Les Fidèles de neXistPa

Cela faisait maintenant plus d'une heure que l'inquisiteur Kortexius attendait cette antichambre humide et froide alors que les tentures vieillies qui recouvraient les murs rappelaient aux visiteurs les plus belles heures de l'Empire.
Les gardes de l'Inquisition étaient venus le chercher à l'aube dans l'auberge où il se reposait après une mission particulièrement éprouvante qui l'avait conduit dans les bas fonds de la ville.
La porte s'ouvrit lentement, sans bruit Un chambellan à la mine sombre , d'un signe de tête, lui fit signe d'entrer. La porte se referma dans un souffle.
Le cabinet de travail était sombre, un lumière pâle filtrait à travers la rosace et projetait une mosaïque de couleurs au centre de la pièce devant le bureau. Ce dernier massif, imposant, patiné par le temps était éclairé par une faible chandelle mais demeurait vide...
Peu à peu, Kortexius acclimata sa vision à la pénombre et distingua le Haut Inquisiteur Mozatorius retiré dans un angle de la pièce. Ce dernier, dans un froissement d'étoffe lourde s'approcha de Kortexius et lui tendit un parchemin/
"- Voici votre ordre mission, dit il d'un voix de basse.
-L'inquisiteur Eymeric a disparu alors qu'il enquêtait dans la ville basse sur de mystérieuses disparitions. Je sais que vous connaissez bien ce secteur, je vous demande de reprendre son enquête.
- A vos ordre votre excellence.
- Vous avez carte blanche. Vous n'aurez de compte à rendre qu'à moi même. Inutile de vous rappeler que cette enquête nécessite une grande discrétion afin de ne pas provoquer de troubles et de panique dans la population. Des questions ?
- Non votre excellence.
- Bien, vous pouvez vous retirer.
- Votre excellence ...."
Kortexius, se retrouva dans l'antichambre, une nouvelle enquête démarrait et il sentait venir l'excitation de la chasse ...

Kortexius, regardait pensif la missive que lui avait apporté l'agent de l'inquisition. Comment ce dernier avait il fait pour le retrouver , mystère mais il avait disparu aussi subitement qu'il était apparu tout en saluant l'inquisiteur avec déférence. Il pensa qu'il fallait à tout prix qu'il en sache plus sur lui afin de le recruter dans sa suite.
Son assistant avait l'air peu futé mais il cachait bien son intelligence et sa débrouillardise. A partir de la liste de noms trouvés dans le rapport d'Eymeric il avait réussi à retrouver bon nombre d'informations.
Remisant le parchemin dans une poche interne de son manteau, il entreprit de crocheter la serrure de la porte arrière de l'officine du médecin (Yprem). Il aurait pu s'annoncer mais son instinct lui soufflait qu'une approche furtive était plus adaptée.
La serrure claqua et la porte s'ouvrit avec un grincement lugubre. Elle donnait sur l'office. La vaisselle sale s'amoncelait au milieu des cadavres de bouteilles vides pour la plus-part.
Il prit une lanterne avec un fond d'huile et l'alluma. Elle projeta des ombres fantomatiques sur les murs. La cuisine donnait sur une couloir qui desservait une salle d'attente aux meubles renversés et deux pièces dont l'une devait servir de cabinet de consultation.
La dernière pièce était plus intéressante mais également beaucoup plus macabre. Une table de chirurgien trônait au centre de la pièce. Le cuir déchiré était maculé de sang séché. Une fouille minutieuse de la pièce permet à Kortexius de constater que le matériel médical avait disparu, mis à part les multiples flacons brisés sur le sol et craquant à chacun de ses pas.
Objet incongru, une cognée était fichée dans le banc de consultation et un croc de boucher retenait une tête de biquette ensanglantée clouée sur le mur du fond. Son rictus haineux rendait presque la pièce avenante.
Un brouhaha de conversations animées attira son attention. Il revint dans la salle d'attente et jeta un coup d'œil à travers les persiennes donnant sur la rue : un groupe de jeunes gens, certainement de la bourgeoisie aisée de la ville mais décidés à s'encanailler se chambraient bruyamment tout en se dirigeant vers le cœur de la vieille ville.
Laissant l'officine du médecin à ses tristes fantômes il ressortit dans la ruelle.

A peine sorti de l'officine, Kortexius fut violemment heurté au niveau des jambes par une créature , manquant de le faire tomber. Il se pencha vers ce qu'il pensait être un enfant pour découvrir un halfling aux yeux exorbités par la terreur.
Ce dernier tenta de se relever mais l'inquisiteur, plus prompt, le saisit au collet.
Le halfling se mit à gesticuler et à marteler le torse et le bas ventre de l'inquisiteur en hurlant. Effectivement, Kortexius dans son grand manteau, revêtu de son chapeau à large bord ne poussait pas vraiment à la confidence. D'une gifle, l'homme de loi envoya la pauvre créature bouler contre un mur.
Contre toute attente, cela calma l'hystérie du halfling. Kortexius approcha son visage couturé du petit homme et lui parla d'un voix douce mais où une sourdait une menace à peine voilée. Le halfling qui s'appelait SHORTLEGS raconta qu'il avait été enlevé tantôt avec son compère LITTLEFEET alors qu'ils chapardaient un peu de nourriture dans l'arrière boutique du croque mort Petrus Borel.
Bien que l'inquisiteur s'interrogea sur l'idée saugrenue d'aller voler de la nourriture dans l'annexe d'un cimetière, il laissa Shortlegs, en verve de confidences, narrer la suite de son histoire.

Les deux compères avaient été amenés dans la pièce principale de la morgue, salle servant à l'embaument; l'odeur douceâtre des produits transperçait la jute des sacs enfoncés sur leurs têtes. Malgré la terreur qui l'étreignait , le halfling se rendit compte qu'ils n'étaient pas seuls et distingua parfaitement la conversation qu'il rapporta entre deux sanglots à Kortexius :
"- Petrus; serait ce un cadeau pour moi ?
- Tu m'avais bien demandé des êtres vivants non, Jacques ?
- Oui il faut dire que ton antre manque un peu d'êtres vivants ...
- Enfin pour ce que tu veux en faire ...
- Justement !
- Explique moi Jacques. Pourquoi te les faut il vivants pour les tuer et ensuite les faire revivre .
- Désolé Petrus mais je ne suis pas là pour discourir sur les arcanes de la nécromancie avec toi !
- Je m'y connais moi en morts !!!
- En morts oui ! Mais je veux des morts ... vivants! D'ailleurs si tu pouvais commencer par celui là ?"
Shortlegs, qui avait commencé à défaire ses liens pendant la conversation, sentit que son compère était soulevé. Il entendit un bruit métallique terminé par un craquement sinistre, mettant fin brutalement aux hurlements d'orfraies de Littlefeet.
"- Pratiques ces pelles, même pas une bosse !!!"
Le silence qui régnait dans la pièce fut brusquement rompu par un tumulte mêlant éclats de voix, fracas de chaises et de tables brisées. Un cri émargea de ce capharnaüm auditif :
"-Non Kakouz, ce n'est pas ton repas ... ne le mange pas ... Lâââââââccchhhhhheeee !!!"

Shortlegs ne voulut pas en entendre d'avantage. Repoussant son sac, il aperçu un ogre énorme qui tenait dans sa gueule un membre alors que deux humains tentaient de lui arracher. Il bondit hors de la pièce et s'enfuit dans le dédale de rue, pour s'écraser sur les jambes de l'inquisiteur ...

Médusé, Kortexius contempla le halfling . Trois noms de plus d'individus prétendument disparus ...D'une bourrade il engagea Shortlegs tout tremblant à le mener au cimetière.

Ce dernier le conduisit toujours plus bas vers le cœur perdu de la vieille ville. Au détour d'une rue tout aussi sordide que les autres , la lune éclaira une place s'ouvrant sur le parvis d'une chapelle en ruine. Un vieux cimetière aux tombes ancestrales ceignait la bâtiment délabré.
Le halfling désigna une batisse ressemblant à une ruine à l'angle du cimetière. Si ce n'était l'enseigne représentant la grande faucheuse qui grinçait doucement au gré de la brise légère, pas un bruit, pas une lumière ne venait briser l'étrange silence des lieux.
Concentré sur son observation, Kortexius relâcha son emprise sur Shortlegs qui prit les jambes à son cou tel un receveur de blood bowl poursuivit par Casse Crâne...

L'homme de loi sortit sa rapière, arma le chien de son pistolet et pénétra dans la morgue obscure. Un rayon de lune éclairait l'intérieur de la pièce où régnait un désordre indescriptible. Le silence était sépulcral. Le pied de Kortexius heurta un objet: il se pencha, le souleva et un filet de sang s'échappa des chairs qui dépassaient d'un sac poisseux. Quelques os répandus sur le sol laissaient à penser que la tête avait autrefois eu un corps.
Ayant fait le tour de la masure et s'étant assuré qu'elle était vide, l'inquisiteur ramassa une lampe à huile dont le verre était brise et l'alluma. La lumière vacillante éclaira alors la scène macabre. Il eut un choc quand il découvrit sur le mur le symbole du chaos : les flèches enserrant "F". Il se confectionna un brûlot et répandit l'huile sur le sol : il mit le feu à la pièce.
L'hérésie ne devait pas survivre, les impies devaient mourir par le feu , seul capable de ramener la rédemption.

Kortexius sortit du bâtiment en flammes , le contempla quelques instants. Elles avaient réveillé toutes les ombres qui courraient sur les façades des masures entourant la place.
Il sortit un bâton de cire de son manteau. A la chaleur du bucher, il en fit fondre une partie sur le mur d'enceinte du cimetière près de la morgue et apposa son sceau ... le cachet de l'Inquisition.

La foule désormais dense se pressait gaiement vers les basfonds de la ville. Kortexius , de plus en plus intrigué, décida de se laisser couler dans le flot ininterrompu.
Tout de suite, il se trouva balloté à droite et à gauche. La foule semblait avoir son propre rythme, sa propre respiration.
Les visages qui entouraient l'inquisiteur paraissaient tous identiques. L'odeur âcre de la foule lui piquait les narines. De temps en temps une effluve de viande grillée, l'odeur d'un onguent, la fragrance d'un parfum détonait dans cet océan monochrome.
Kortexius n'était pas vraiment maitre de ses mouvements. Il suivait la vitesse de la foule, ses pieds décollant parfois du sol porté par la foule qui ralentissait dans les goulets d'étranglement de la vieille ville ou accélérait dans une cataracte de corps sans fin.
Peu à peu il perdit la notion du temps au milieu de ces visages vite révélés, aussitôt oubliés. Bientôt il eut la sensation d'être surveillé. Toujours à la limite de son champ de vision il sentait une présence .
Kortexius tenta de surnager vers les bords mais il était prisonnier du courant. Tout d'un coup durant une fraction de seconde, il eut la vision d'un visage hilare, blafard, grimaçant ... osseux. Il frappa mais sa main heurta un visage de chair. L'individu frappé , fut happé par la foule. Le visage avait disparu.
Il réapparut très vite de l'autre côté. Kortexius tenta de le saisir mais il arracha quelques poils de barde d'un individu hirsute qui n'eut pas le temps de protester, avalé par la foule.
Le visage se révéla à nouveau à plusieurs rangs devant lui mais se dissimula dans l'ombre d'une capuche. Jouant des coudes l'homme de loi se rapprocha de sa cible. Une main sur la garde de sa rapière, tout en tentant de conserver son équilibre, il frappa sur l'épaule de l'être revêtu d'un manteau sombre. C'est le visage fin d'une jeune femme qui lui fit face fugacement avant de disparaitre.
Le visage réapparut à la fenêtre d'un masure sombre mais s'effaça subitement au moment où l'inquisiteur passait devant.
Conscient qu'il était gagné par des hallucinations causé par la moiteur de la foule bigarrée, Kortexius essaya de se concentrer sur les lieux et se rendit compte qu'il ne savait plus où il se trouvait .

Au milieu du brouhaha de la foule il crut discerner un murmure qui se fit de plus en plus insistant, oppressant. Il avait toujours dissimulé ses facultés psy, surtout à ses collègues qui l'auraient bien balancé au bout d'une corde, même si cela lui servait dans ses enquêtes. Il crut que ses pouvoirs lui jouaient des tours. Il interrogea son voisin qui , le regard torve ne prit même pas la peine de répondre.
Il se concentra et peu à peu le murmure se fit paroles, des propos mielleux:
"Viens, rejoins nous, laisse toi guider, ne résiste pas ... Viens, rejoins nous, laisse toi guider, ne résiste pas ...Viens, rejoins nous, laisse toi guider, ne résiste pas".
Fadaises de nécromancien se dit Kortexius, qui pourtant n'arrivait pas à tenir éloigné les mots qui remontaient des méandres de son cerveau.

Et puis, le silence se fit : brutalement, aussi bien dans sa tête qu'autour de lui. La foule s'était arrêtée et il se rendit compte que, composant de sa multiplicité , il avait fait de même.
La foule protéiforme emplissait une place entourée de maisons anciennes, délabrées, voire pour certaines en ruine. Elle était éclairée par la lune qui l'éclaboussait d'une lumière jaunâtre ainsi que par quelques flambeaux portés par quelques individus qui entouraient la foule. Au nord, ou tout du moins, ce qui parait être le nord pour l'homme de loi, un mur végétal recouvrait partiellement un bâtiment aux proportions gigantesques, majestueux et inquiétant à la fois.
Kortexius l'observa et constata que la cascade de végétaux semblait recouvrir une ouverture qui palpitait.
Soudain, les lianes prirent vie et s'écartèrent révélant une arche colossale. La foule rugit de plaisir set s'engouffra dans l'ouverture donnant sur ce qui ressemblait à un cirque de forme oblongue. Le flot de répandit dans les travées, la foule s'égrenant peu à peu pour se reconstituer plus loin et remplir l'enceinte.
Kortexius se laissa porter vers le bas de ce qui ressemblait à des gradins en pierre donnant sur un océan de noirceur. Des geysers de flammes illuminèrent les lieux ; le centre se révéla être une étendue d'herbe parfois jaunie et racornie, aux nombreuses taches sombres.
Une voix éclata dans sa tête :
" Voie notre magnificence ! Contemple ... les Fidèles de NeXistpa !"
Jaillissant d'une alcôve sombre donnant sur le stade onze gaillards se précipitèrent sur le terrain mené par son ancien collègue Eymerich. L'un d'entre eux, les yeux tels deux tisons brulants, regardaient fixement Kortexius. La voix raisonna à nouveau dans sa tête :
" Tu ne peux nous arrêter , viens et admire l'œuvre de notre maitre NeXistepa. " L'inquisiteur, hypnotisé réussit à détourner le regard au prix d'un gros effort de volonté. Son attention se porta vers le banc de l'équipe où se tenait un être à l'aura malfaisante et rassurante à la loi; toute l'ambiguïté du chaos réunit en un seul corps.

La foule se déchaina, des cruches, des reliefs de nourriture virent s'écraser autour de l'inquisiteur qui battit en retraite vers les premiers rangs. Il regarda vers le voie d'entrée mais le mur végétal avait repris sa place.
Il porta à nouveau son attention vers le centre du terrain pour déterminer ce qui avait mis la foule en transe. Un ballon clouté retomba paresseusement et atterrit entre les mains de Jacques D Molet, nécromancien de son état.
La foule trépigna et scanda les mots : BLACK BOWL , BLACK BOWL .
Kortexius se laissa porter par l'ambiance, se mit au diapason de la foule, et se concentra sur le match de Blood Bowl.