(Part 1)
Mes yeux s’ouvrent lentement, ma tête raisonne encore des mots qui m’ont sorti de mon sommeil : Coach…..coach !!!
Je suis dans une pièce aux murs de pierre où dégouline un liquide visqueux entre des ustensiles étranges et inquiétants. Je perçois un brouhaha incessant puis des hurlements semblant venir de la pièce d’à côté. Je tente de m’asseoir dans le lit où je me trouve, une terrible douleur retentit dans mes entrailles. Dans un gémissement, je réussis tout de même à me mettre contre la tête de lit. Je regrette ce geste aussitôt car je sens toutes sortes de bestioles fuir le contact de mes cheveux, je n’ose même plus me poser de question.
Je distingue à présent, un sol maculé de sang. Je n’ai aucun doute sur sa provenance, les draps ont beau être d’un brun presque noir, ils ne parviennent pas à cacher complètement les tâches poisseuses et encore humides.
A côté de moi, je vois un elfe noir qui me regarde avec une expression de soulagement, visiblement il attend de moi une réaction. Je tente de m’éclaircir la voix et demande :
« C’est une salle de torture, ici ?
- Presque coach ! C’est l’hôpital… »
Son regard semble empli de compassion, enfin de ce qui doit le plus se rapprocher de la compassion pour un elfe noir. Puis il se met à sourire et cette même expression se transforme alors en regard sadique. Décidément je ne comprendrai jamais ces créatures.
« Bon qu’est-ce que je fais là moi ?
- Vous ne vous en souvenez pas ?
- Je ne me rappelle même pas de mon nom !
- Ben vous êtes le coach MadHogan, coach ! Et vous êtes le coach de notre équipe : Les « A Drows Bates ».
- Tu m’en diras tant ! Et depuis quand ?
- Ben depuis que l’ancien coach a malencontreusement glissé et est tombé le dos sur un poignard négligemment laissé sur une table du réfectoire. Cela fait 3 entraînements maintenant.
- Et moi j’ai malencontreusement glissé et tombé le ventre sur un poignard ?
- Mais non ! Ca c’est lors de notre match de gala pour la CashCash Fundation, vous savez le grand patron voulait organiser un match entre votre ancienne et votre nouvelle équipe, ce qui devrait financer notre entrée à la Cabalvision enfin au moins graisser suffisamment la patte aux organisateurs pour être garder sur liste d’attente…
- CHUUUUTT ! Oui, oui ! Bon ça va bien les détails maintenant ! »
Je regarde nerveusement les alentours et seul un infirmier orque est présent et il semble trop occupé à ne pas se faire prendre en train de vider les bassines de sang dans son estomac pour avoir fait attention à notre conversation. Le drow semble avoir compris qu’il devait se faire plus discret et reprend son explication à voix basse.
« Bon alors votre équipe du chaos les « Li Ke Vir Gins » sont venus et ont a fait le match. Et à la fin le gros minotaure a foncé droit sur vous et vous a malencontreusement…
- éventré, je suppose ?
- C’est ça… éventré !
- Et pourquoi ma nouvelle équipe ne s’est pas interposée ?
- Euh… c'est-à-dire que l’on a d’abord cru qu’il était juste content de vous voir et qu’il voulait fêter la victoire avec vous… et pis ce n’est pas comme si on était encore beaucoup à pouvoir tenir debout…
- Et le résultat du match ?
- Environ 9-0…
- Environ ?
- Et bien oui ! Les 3 ou 4 drows qui étaient restés sur le terrain étaient pas mal occupés à courir partout pour rester en vie, alors le score, ce n’était pas vraiment leur priorité.
- Et bien je devais être de charmante humeur, tiens !
- Plutôt oui, vous souriiez pas mal parce que vous disiez qu’avec un test comme ça, cela allait faire une sorte de sélection naturelle ou un truc comme ça !
- Et il reste combien de joueurs en état de jouer maintenant ?
- 4 en me comptant aussi.
- Tiens c’est vrai que tu m’as l’air d’être en parfaite santé toi, comment ça se fait, t’as pas joué le match ?
- Ben si mais au 2ème engagement, je me suis pris un violent coup de poing et j’ai perdu connaissance…du coup je n’ai repris mes esprits que… lorsque le match était fini, en fait !
- Mouaih ! et comment tu sais ce qu’il s’est passé alors ?
- Bon, euh… coach, moi je ne vais pas trop vous fatiguer non plus ! Les médecins m’ont dit qu’il fallait que vous vous reposiez, donc ben … j’y vais quoi ! »
Le drow, tout tremblant, semble se retenir à ne pas courir pour fuir la chambre. Juste avant qu’il ne quitte les lieux, je l’appelle :
« Hey Truc ! »
Il s’arrête brusquement et se retourne
« Oui coach ?
- Je veux que tu reviennes dès que possible parce que je ne me souviens vraiment plus de rien et demande aussi au grand patron de passer dès qu’il aura un moment.
- Oui, coach !
- Et au fait ! c’est quoi ton nom ?
- "Kriz Hanthem" coach, pourquoi ?
- Pour rien, en fait je m’en fous, casse-toi !
- Ah ça va mieux, on dirait coach ! »
(part 2)
Cela fait des jours que j’attends le retour de ce fourbe d’Elfe noir, enfin je suppose que cela fait des jours car il n’y a aucune fenêtre dans ce cloaque immonde. De plus, j’essaie toujours de me remémorer ce qu’il s’est passé mais je n’arrive pas à me rappeler de quoique ce soit concernant mon changement de poste. Mes souvenirs passent directement de mon dernier match avec les Li-Ke-Vir-Gins à mon réveil dans cette immondice. Entre deux, c’est le néant complet, vraiment étrange. Mais le pire dans cette histoire c’est tout de même que la douleur de la blessure ne semble pas vouloir s’atténuer bien au contraire. A chaque traitement, elle est de plus en plus vive et l’odeur qui se dégage à chaque changement de pansement ne laisse rien présager de bon pour mon avenir.
Un petit homme étrange interrompt le cours de mes interrogations et se raclant énergiquement la gorge. A le voir, il donne l’impression d’avoir fait ce lieu à son image, sombre humide et dégoulinant de miasmes. Étant donné sa taille, et sa couleur de peau (d’un vert tirant sur le putride) il doit certainement avoir un de ses parents gobelin et en observant les traits de son visage l’autre devait être un troll ou quelque chose du genre. La logique aurait donc voulu que ce genre de personnages ne puissent jamais voir le jour mais malheureusement, il y a toujours quelques exceptions aux règles, même celles de la nature.
« Et bien ! Mon ami ! Tu voulais me voir, parait-il ?
- Qui êtes-vous ?
- Voyons ! Je suis Elmut Fise, le propriétaire des A Drows Bates ! On m’avait averti que tu avais des trous de mémoire mais je n’avais pas pris conscience que cette Bête de Nurgles avait ravagé ton cerveau à ce point !
- Une bête de Nurgles ? Ce n’était pas un minotaure ???
- Quelle différence ? Ne sont-ce pas toutes deux des créatures du chaos, mon ami ?
- Pour votre propre bien, évitez ce genre de confusion à proximité d’un minotaure ou même d’un membre d’une équipe de Nurgles ou du chaos !!
- Il est vrai que tu as fait tes preuves avec ton ancienne équipe.
- D’ailleurs à ce propos, je voulais savoir quelle mouche vous a piqué de vouloir organiser un match entre une équipe du chaos confirmée et comportant une majorité de joueurs vedette (TV2200) et votre équipe de débutants novices sans la moindre expérience du terrain ? Vous aviez besoin de remplir votre cimetière pour une équipe de mort-vivant ???
- Je vois que tu as toujours le sens de l’humour mon ami… »
L’air du Elmut ne me dit rien qui vaille, il y a décidément de la fourberie de gobelin dans cet être abject. La commissure de ses lèvres trop grandes et fendues au sang qui tremblote légèrement, me met la puce à l’oreille et ce qui n’était qu’une boutade devient alors une révélation : il y a quelque chose de juste là dedans et ce n’est certainement pas ce propriétaire véreux.
De plus, mon estomac se révulse à chaque fois que ce scélérat me donne du « mon ami », cela sonne tellement faux que mes orteils me chatouillent. Et oui ! J’ai cette particularité qui s’est avérait nombre de fois, utile : dès que je sens une magouille ou un truc louche, j’ai les pieds qui me grattent !! Et alors ?
De plus, s’il y a bien une chose que l’on ne peut pas m’attribuer, c’est d’un quelconque sens de l’humour ! Décidément, j’ai de plus en plus l’impression de tremper dans une affaire très louche…
« Comment avez-vous réussi à me convaincre de participer à ce match et plus important encore à m’occuper de cette équipe ?
- Mais c’était une des conditions indispensables pour pouvoir postuler à la ligue de la Cabalvision voyons ! Il faut bien que les coachs qui sont dans la saison régulière se fassent un peu d’or pour payer leur divers « arrangements ».
- Quel rapport entre un match en CashCash fundation et les coachs de la Cabalvision ?
- Et bien l’or mon ami ! L’or ! Où crois-tu que vont les gains des paris arrangés de ce genre de match ? Tout ne peut tout de même pas aller uniquement aux organisateurs de la ligue ! Cela se verrait, se saurait et il y aurait des dénonciations, alors que là tout le monde y trempe donc donc le monde est content.
- Tout le monde sauf les joueurs morts !
- Effet mais ce n’est pas comme si on ne pouvait pas les remplacer ! Et puis cela soulage également les coachs en saison de savoir que les équipes qu’ils vont rencontrer sont déjà diminuées avant même leur premier match !
- Et vous quel est votre intérêt ?
- Mais c’est l’amour du sport !!! Entrer dans la plus prestigieuse des ligues de Blood Bowl ! (et là on sent bien qu’il fait de la lèche ou pas ???)
- Non ! Sérieusement !
- Euh ! C’est simplement un investissement. L’or que j’ai misé aujourd’hui ne sera qu’une perte infime en comparaison aux gains que nous pourrons faire sur les saisons futures. »
J’ai presque envie de sourire lorsque je m’aperçois que l’être immonde semble tout à fait à l’aise avec les notions de corruption, de magouilles et d’argent sale, ce qui ne m’étonne pas, bien au contraire : il était vraiment fait pour posséder une équipe de Blood Bowl celui-là !
« Ce qui me ramène à ma première question : Qu’y gagne-je, moi, (et si c’est français… mais c’est pas facile à dire en fait !) pour avoir accepté de venir ?
- Et bien déjà, tu as vu le potentiel des drows et tu as été véritablement emballé.
- Et vous trouvez que c’est moi qui a le sens de l’humour ??? »
Elmut est visiblement gêné par ma remarque, il évite mon regard et semble chercher le meilleur moyen de couper court à cette conversation. Il s’approche alors de moi et m’annonce dans un murmure :
« C’est parce que j’ai multiplié ta paie par deux… »
Étant donné le regard de fourbe qu’il me tend, je suis sûr qu’il tente de m’arnaquer, oserait-il profiter de mon état de faiblesse ? En fait, ce n’est même pas une question tellement la réponse est évidente.
« Là, je dirais que c’est vraiment insultant !
- Ohhhh ! Bon ça va ! Je t’ai convaincu en quadruplant ta solde !
- En fait je pense que vous avez le un problème de vocabulaire, x6 se dit « sextuplant ». Je ne serais jamais parti pour moins et surtout pas pour tout refaire à partir de zéro !
- Bon très bien, très bien ! »
Une charmante infirmière entre alors dans la chambre. Enfin « charmante » à partir du moment où vous trouvez les dents très superflues dans le visage d’une femme, et que vous n’êtes pas trop regardant sur la surface des chairs non recouvertes de peau étant donné qu’elle a tendance à perdre les deux lorsqu’elle a le malheur de se pencher.
« C’est l’heure de votre saignée, coach ! »
Je laisse échapper un soupir de frustration, j’ai eu beau tenté de m’opposer à ces saignées les simili médecins de ce lieu n’ont jamais rien voulu entendre. Ils vont très certainement réussir à me tuer pour de bon.
« Bon je te laisse aux bons soins de notre personnel, il est important que tu puisses te remettre avant l’acceptation des organisateurs de la ligue.
- Mais rien ne dit qu’ils accepteront notre candidature ! Il y a des équipes avec un fort potentiel qui sont en attente !
- Justement ! Tu penses vraiment qu’ils font une sélection par le potentiel ??? Ta blessure t’a fait perdre ta réflexion aussi ??? »
Pendant ce temps, l’infirmière crache sur mon poignet avant de serrer un ruban souillé autour de mon avant bras.
« Mais comment en êtes vous si sûr !
- C’est qu’il n’y a pas que la corruption qui fonctionne avec eux ! J’investis également de mon temps et de mes connaissances pour leur rendre quelques menus services. »
Elle enfonce sa griffe crasseuse sur une de mes veines encore intacte et le sang commence à gicler.
« Tu sais s’est très pratique d’avoir une équipe d’elfes noirs, car dans une équipe drow… »
Je sens le liquide couler le long de ma main et je l’entends tomber dans la vasque.
« … il y a … »
Mon regard se trouble et ma dernière vision est celle de l’infirmier orque qui arrive en se passant goulûment la langue sur ses lèvres. Il bave si abondamment qu’il arrose tout autour lorsqu’il tourne la tête.
« … des assassins ! »
(part 3)
Depuis plusieurs jours, je tanne la goule qui semble m’avoir été attitrée comme souffre douleur, afin d’avoir un minimum d’information sur l’équipe que je suis sensé coacher. L’inactivité et mon besoin de penser à autre chose qu’à ma souffrance me rend particulièrement irritable et j’ai tendance à hurler plus que parler, surtout lorsque je suis obligé de me répéter.
« D’abord donne-moi la liste des joueurs de l’équipe ainsi que leur fiche, ensuite apporte –moi le journal d’entraînement de l’équipe. Il faudra que j’aie un entretien en tête à tête avec chaque joueur et alors seulement après cela, je pourrai donner une feuille de route pour l’équipe. Et temps que je serai dans ce pageot, il me faudra un descriptif détaillé de chaque entraînement. Je veux également la liste de tous les joueurs libres de contrat car je devrais peut-être optimiser l’effectif. Je veux les fiches dans l’heure alors file ! »
La goule se met alors à courir si vite que je ne peux m’empêcher de me dire qu’elle pourrait sûrement faire fureur sur un terrain.
« N’y pense même pas, on a déjà essayé mais elle est trop froussarde pour servir à quoique ce soit dans une équipe. Même pour apporter de la Bloodweiser d’ailleurs car nos propres joueurs lui font peur !
- Tiens, Elmut, je ne vous ai pas vu entrer.
- C’est une de mes principales qualités : la discrétion. Personne ne fait vraiment attention à moi et cela me sert très souvent, en fait. »
Je n’ai aucun mal à le croire, je me doute bien que d’être une fouine doit servir régulièrement dans sa position.
« Ah ! Je voulais également t’avertir qu’il ne vaut mieux pas te faire d’illusion quant à un éventuel recrutement car nos caisses sont vides. L’organisation du dernier match nous a mis sur la paille donc en gros, sans la ligue Cabalvision, je serai contraint de tout vendre, joueur stade… et coach ! »
Voilà qui ressemble fort à une menace, surtout qu’il n’y a pas encore eu le moindre « mon ami » dans la conversation, ce qui ne lui ressemble pas des masses.
« Mais ne soyons pas si pessimistes, mon ami et dis moi plutôt comment te portes-tu ? »
Il suffisait que j’y pense pour que « mon ami » réapparaisse comme par enchantement. Je me demande si c’est moi qui suis clairvoyant ou s’il peut lire dans mes pensées.
« Je souffre chaque jour un peu plus.
- Que voilà une triste nouvelle car je crains, hélas, que mes inquiétudes ne se confirment, la pourriture de Nurgle doit être à l’œuvre. »
La pourriture de Nurgle à la suite d’un encornage de minotaure, ce serait vraiment une première. Mais je préfère garder ces réflexions pour moi, il ne sert à rien de le mettre sur la défensive, le spécialiste du chaos. De toute façon j’éclaircirai ce mystère plus tard.
« Allons je sais que c’est une sale nouvelle mais il faut bien se rendre à l’évidence !
- c’est probable en effet, mais qu’y faire maintenant de toute façon ? Je suis condamné.
- Ah ah ! Là j’ai peut-être quelque chose pour toi, mon ami ! »
Nous y voilà, je vais me retrouver, au minimum, exploiter comme un esclave par un gobelin de seconde zone, et assez moche…
« C’est-à-dire ?
- J’ai un remède, disons… expérimental mais qui a déjà fait ses preuves sûr des gobelins.
- Vous expérimentez des remèdes sur des gobelins, vous ???
- Et ben oui ! Sur quoi d’autre faire des expériences ? Des lapins ? non mais soyons sérieux deux minutes !
- Oui, bon. Et concernant ce remède ? »
Elmut se rapproche alçors de mon oreille, si proche que je sens presque le contact de ses verrues râpeuses contre ma joue.
« Il s’agit d’un antidote contre la pourriture de Nurgle !
- Quoi mais vous vous rendez compte de ce que cela implique ?
- Chut !!! Moins fort voyons mon ami ! Bien sûr que je m’en rends compte et c’est pour cela que je garde cela secret ! J’ai même dû faire certains sacrifices la saison dernière pour ne pas éveiller trop de soupçons. C’est pour cela que les « Agobander L’Navyhr » ont subi les affres de la pourriture lors de leur dernier match et aussi pour confirmer que sans l’antidote, il n’y avait pas de miracle. C’était une sorte de match témoin quoi pour confirmer l’efficacité du produit.
- Mais attendez une seconde, les Agobander L’Navyhr, ce n’était pas l’équipe qui s’était autoproclamée les « Anti-moisis » ?
- Tout juste ! Et c’est moi qui ai crée cette légende ! Sur la saison, 9 matchs contre des Nurgles, 253 morts subies et 0 putréfiés et sur le dernier match 14 morts subies et 9 pourris récupérés par les nurgles. On a mis cela sur le dos de la mort de Trainty le Gnan, le troll venait tout juste de succomber à une terrible asphyxie due à une arête d’un gobelin qu’il devait lancer à l’origine. Pendant toute la saison, les gobelins de l’équipe pensaient qu’ils étaient protégés par l’odeur que le troll dégageait en permanence. Il faut dire que même l’odeur des guerriers de Nurgle était couverte par l’haleine de Trainty ! Du coup c’était plausible, même pour des non gobelins je veux dire. Bon évidemment les journalistes, eux étant à peine moins crédules, ils ont également relayés l’information comme une certitude.
- Euh… et concernant le remède ?
- Ah oui ! Et bien c’est tout simple, je ‘ten fais apporter dès ce soir à la tombée de la nuit. Je ne sais vraiment pas pourquoi mais le breuvage est plus efficace lorsuqe le soleil est couché, c’est peut-être à cause de la sueur de vampire…
- Comme ça ? Sans négociation ?
- Et bien oui mon ami ? Que croyais-tu ? Tu ne pensais tout de même pas que je vais profiter de la situation pour faire des économies de bout de chandelles !
- J’avoue que j’y ai songé un instant, oui …
- C’est bien mal me connaître, mon ami, et ta santé m’est précieuse et pas seulement parce que grâce à toi je vais pouvoir me refaire une santé économique. »
Sur ces mots Elmut sort, me laissant avec ma perplexité. Il a l’air véritablement enjoué, quel étrange personnage mais qu’attend-il donc de moi au juste ? Et surtout que vas-t-il y gagner ? Car je refuse de croire que mon talent soit la raison de cette soudaine abnégation.
(Part 4)
Je vois déjà la goule revenir, les bras chargés de parchemins de toutes tailles. Décidemment quelle vélocité, il faut vraiment que je trouve un moyen de lui faire surmonter sa peur chronique.
« Voilà coach, tout est là et les joueurs vont venir vous voir dès la fin de l’entraînement.
Dis-moi un truc… euh… Truc ! Le patron, il avait vraiment une équipe de gobelins la saison dernière ?
- Vi coach !
- Pourquoi alors, il s’est mis à faire du drow ?
- Ben il disait que les gobelins c’était bien parce que ça coûte rien mais qu’en fait ça valait même pas ce que ça coûtait !!!
- Et que sont-ils devenus tous ces joueurs ?
- Tous vendus ?
- Tous ?
- Vi coach ! Et valait mieux parce qu’en fait ils étaient tous malades.
- Tous ?
- Vi coach ! Tous le même mal, même les trolls, oh là, là ! quel gâchis s’était de voir ça !
- Et ils sont dans quelle équipe maintenant ?
- Ben ils sont surtout tous morts normalement !
- Tous ?
- Vi coach !!!
- Comment sais-tu tout ça toi ?
- Ben vous savez je suis une goule… et le sang c’est un peu notre spécialité à nous les goules, donc quand le sang est malade dans nos repas, nous on le sent. On n’a pas envie d’être malade aussi.
- Et tu sens les maladies dans le sang ?
- Oui, et y en a pas encore dans le tien coach !
- Ben ! La pourriture de Nurgle ne va pas tarder à y être pourtant.
- Non ! Pas de pourriture ! Par contre, l’infection va venir vite.
- Que veux-tu dire ?
- Il faut que tu retires le métal dans ton ventre car tu vas gâcher tout ton bon sang ! Et pis c’est une mauvaise cachette le ventre, c’est tout mou et c’est là où ça pourri le plus vite. »
Voilà qui est une nouvelle intéressante, moi qui me pensais condamner à devenir un pourri, je vais plutôt pourrir jusqu’à la mort…
Il faudrait donc que j’arrive à retirer de bout de métal de mon ventre sans l’aide d’un médecin car ils sont assurément tous à la botte d’Elmut et il ne voudra sûrement pas que je contrecarre ses plans si bien ficelés.
« Dis donc la goule, es-tu vraiment certain que mon sang est bon ?
- Bon ? Il faudrait que je goûte pour être sûr mais il sent déjà très bon.
- Je veux dire, est-ce qu’il n’est pas malade ?
- Ah ça non ! Sûr coach !
- Bon, et si je te demandais de me retirer le métal ?
- Mais je n’aime pas le métal, par contre je peux boire ton sang à la place.
- Je reformule : Si tu me retires le métal sans que je meurs, je m’arrangerais pour te fournir plein de bon sang !
- Du sang d’elfe ? »
A cette simple idée, la goule se met à baver par terre et à trépigner comme un chiot devant un jouet. Moi qui pensais que, rien n’était plus écœurant que de voir l’infirmier orque saliver devant une vasque, je viens d’être détrompé !
« Je ferai mon possible pour avoir du sang elfe, mais tu dois faire bien attention à ne pas me tuer et surtout à ne pas en parler ! C’est important : à personne ! Sinon il n’y aura pas de sang elfe !
La goule à présent se tient immobile comme un jouet attendant d’être remonté et au moment où je commence vraiment à m’inquiéter, elle semble reprendre vie brutalement. C’est impressionnant la première fois où l’on voit une goule réfléchir et un peu inquiétant aussi !
« Ok ! Ok ! Je retire le métal, je ne bois pas ton sang et après tu me donnes du sang elfe !
- Oui ! Enfin, dès que j’irai mieux, je t’en donnerai parce que tant que je suis dans ce lit, je ne pourrai pas faire grand-chose. Sauf te fournir du sang drow peut-être…
- Non, non, non ! Le sang drow, ça ne vaut pas ! C’est amer et ça fait mal au crâne ! C’est de la piquette le sang drow !
- Bon écoute moi bien, si tu fais bien attention, je pourrai peut-être même avoir du sang de Haut elfes, ça te plairait ça ? »
La goule alors reste muette, les yeux écarquillés et la bouche béante, une sorte de liquide gris anthracite sort de son œil et se met à couler le long de son visage, laissant sur son passage une longue marque noire et fumante. En tombant sur le sol la goutte provoque une vague réaction chimique qui désintègre la graisse sur le carrelage et même un trou dans la pierre.
Je comprends alors que je viens de voir pleurer une goule et je ressens alors le plus grand dégoût de toute ma vie, mais jusqu’où iront les horreurs avec cette goule ?
Visiblement j’ai touché un point extrêmement sensible de la créature et je m’aperçois aussi que sa gourmandise est peut-être encore plus puissante que sa peur. Arriverais-je à la faire jouer au Blood Bowl contre un bol de sang d’elfe sylvain ? Il faut que je garde cela en tête pour l’avenir.
Mais pour le moment, je dois surtout survivre !
« Bon alors c’est d’accord ?
- Vi vi vi coach ! Je fais dooouuuuuucement !
- Et tu ne me fais pas trop mal hein ?
- Hein ???»
A l’air médusé de la goule et face à son regard hagard, je comprends que la solution à mon problème à beau être simple sur le papier, elle ne va pas être une partie de plaisir dans la réalité, un peu comme un match de Blood Bowl quoi !
« Bon ce n’est pas grave, fais juste attention à ne pas me tuer ce sera déjà bien ! et donne-moi un morceau de bois ou de cuir pour que je morde dedans. »
Une fois encore la goule semble avoir une absence. J’ai alors comme qui dirait, un coup de mou d’un seul coup. Je me sens soudainement seul et perdu dans un néant d’incompréhension. En désespoir de cause, j’abandonne l’idée et je me rabats sur mon bras pour éviter de hurler.
A mon signal, elle retire le pansement et l’odeur se répand dans la pièce. C’est étrange mais cette odeur immonde de putréfaction me conforte un peu dans ma décision de me faire ouvrir le bide par une goule gourmande. En y repensant, il faut vraiment être désespéré pour laisser faire une folie pareille. Il y a toutes les chances pour que sa soif de sang lui fasse perdre tout contrôle à la vue de mon sang et qu’elle me dévore les entrailles. Je repense alors à mieux vieux mentor Bahikiir qui disait souvent : « Bof ! Tu sais, dans la vie, tout a une fin… sauf le saucisson qui en a 2 ! »
Cela me donne presque envie de rire, enfin jusqu’au moment où la griffe rouvre lentement la plaie purulente qui orne mon abdomen. Je me mords alors si fort le bras qu’un bout de chair est prêt à se détacher.
J’entends la créature me dire alors :
« J’espère que tu ne vas pas tout te manger tout seul quand même ! Parce que j’aimerais bien goûter aussi ! »
Sans y prêter plus attention, je me concentre sur mon martyre et me demande quelle est la douleur la plus insupportable entre les deux et là encore, la goule vient me détromper, en plongeant ses pattes avidement dans mes entrailles. Cette fois la douleur est à son paroxysme, à tel point que je vois les portes de l’inconscience. Je me rue alors à leur rencontre.
(part 5)
Une nouvelle fois, je reprends conscience dans un état nauséeux et surtout avec une douleur toujours plus insupportable. J’ai l’impression que plus rien dans mon ventre n’est à sa place, ce qui est très probablement le cas d’ailleurs. Malgré tout, je n’arrive pas à ne pas me sentir heureux de vivre encore. Tout persuadé que j’étais de mourir.
Je vois alors la goule qui semble sucer goulûment un bâtonnet de sucette dans un coin de la chambre.
« Tu es vraiment succulent coach ! Mieux encore que ton odeur ! »
Je n’ose imaginer que c’est véritablement un compliment, mais de toute façon, la vue de cette créature en train de se régaler de moi me donne vraiment la nausée.
« Montre-moi un peu le métal.
- Ah ! Je ne savais pas que tu en voulais aussi alors j’ai tout mangé autour…
- Je veux juste voir »
Elle s’approche de moi et me tend l’objet. Je n’ai même pas besoin de l’examiner pour savoir que c’est un morceau d’armure de guerrier de Nurgle et qu’il a consciencieusement été ciselé afin de provoquer un maximum de dégât et de douleur.
« Bon ! Je n’ai plus qu’à espérer ne pas avoir chopé une infection maintenant !
- Oh ! Il n’y a pas de risque ! J’ai tout bien léché comme il faut en refermant ! Pour que ça cicatrise mieux ! »
La fierté de la créature me décourage de toute révolte. Je suis maintenant blasé à l’extrême.
« Eh .. euh truc.. c’est quoi ton nom au fait ?
- Ben euh … Truc ça me va bien !
- Et bien vas pour Truc alors ! Au moins je ne risque pas de l’oublier du coup. Bon annule les entrevues avec les joueurs pour aujourd’hui, je ne me sens pas assez d’attaque, dis leur de passer demain. Et toi aussi d’ailleurs, parce que là tu vois, je suis… fatigué et t’avoir ici, ben ça ne me repose pas tellement en fait…
- Ok ! Coach ! et n’oublie pas de guérir maintenant, j’ai hâte d’avoir ma récompense !!»
Mon cerveau me crie que je suis en danger et me contraint à me contracter, ce mouvement réflexe me déclenche une douleur effroyable au niveau de mon abdomen et me réveille dans les pires conditions que je n’ai jamais connues. Un violent coup retenti sur ma joue droite, j’ouvre les yeux, je suis en pleine panique. Un énorme monstre d’au moins 3 mètres me tient par le col de ma chemise de nuit (étonnamment couleur du sang séché), il a le bras levé et visiblement s’apprête à me décoller la tête d’un nouveau revers de sa main. Je hurle avec une telle énergie que je ne reconnais même pas mon propre cri.
« C’est bon, il a repris conscience, crétin ! »
Je reconnais la voix d’Elmut, mais ma panique n’en est pas diminuée pour autant.
« Je suis soulagé coach car je croyais que la pourriture avait eu raison de toi, tu es resté inconscient 3 jours, tu sais ? »
Je présume, à juste titre, que la question est purement rhétorique et je m’abstiens donc de répondre, de toute façon ma gorge est tellement contractée qu’elle ne me permet qu’à peine de respirer.
« J’ai dû faire appelle au service de réanimation. »
Je regarde stupéfait le golem qui me fait face et qui me sourit comme un débile regardant une toupie en mouvement. Il est visiblement très fier de son statut.
« Vous appelez cela de la réanimation, vous ? J’ai plutôt l’impression qu’il tentait de m’achever oui !
- Ah ! J’avoue qu’il est arrivé parfois que certains patients ne supportent pas très bien le traitement.
- Vous m’étonnez là ! Vous voulez dire qu’il y en a qui survivent vraiment ?
- Bien sûr, environ un sur trois… ou cinq, lorsque que Kretain n’est pas de bonne humeur, mais c’est déjà pas mal.
- Et vous n’avez pas peur de le traiter de crétin tout le temps ?
- Non, non ! Krétain c’est son nom, enfin c’est devenu son nom, à force que tout le monde l’appelle comme cela. Bon ce n’est pas le tout, mais maintenant que nous avons réussi à te sauver, il faut vraiment que tu prennes ton remède, je ne tiens pas à devoir renouveler l’expérience.
- Parce que vous pensez, que j’en ai la moindre envie ? Il a failli me décapiter le monstre là !
- Oui, j’avoue que c’est arrivé aussi ! Mais on a presque toujours réussi à remettre les bouts de patients en place… pas toujours dans le bon sens, mais les « mort-patients » (comme on dit ici) ne s’en sont jamais plains. Bon qu’est-ce qu’il fiche QI avec son plateau ? Et dire qu’il est prétendument le zombi, le plus intelligent de l’hôpital, cela m’en ferait presque pleurer pour les autres ! »
Je vois alors entrer le zombi qui m’apporte d’habitude mon plateau, il est facile à reconnaître car sa tête penche toujours du coté gauche, et qu’il ne parvient jamais à la redresser comme le font d’habitude ses congénères. Cela doit être pour cela qu’il a été appelé QI, sa tête semble plus lourde que la moyenne, mais quant à moi je serais prêt à parier que le surplus n’est dû qu’à un cumul d’eau croupie dans une quelconque cavité inutilisée.
« Vouuuaaalaaaah ! Chefffff ! »
Mais je dois admettre qu’il parle plutôt mieux que ses comparses.
« Tu n’en prends qu’une gorgée à chaque début de soirée et tout ira pour le mieux. »
Bien entendu je fais mine de me jeter dessus pour ne pas éveiller le moindre soupçon et fais semblant de boire une pleine rasade de la potion. Rien qu’à l’odeur, je sens qu’elle doit avoir un goût particulièrement immonde. Sans même avoir eu besoin de me forcer, ni de la goûter d’ailleurs, un terrible haut de cœur me prend.
Elmut à l’air parfaitement satisfait.
« Garde le flacon avec toi, je t’en ferai apporter lorsque tu seras à cours. »
Sur ce, il me laisse seul avec Kretain qui ne semble toujours pas décidé à me lâcher le col. Au bout d’un moment, je lui demande de me lâcher ce qu’il fait avec la douceur d’un rhinocéros en rut et me laisse choir dans mon lit.
Il reste cependant parfaitement immobile visiblement inconscient qu’il n’a plus rien à faire dans les parages. Je me prends alors à le laisser planté là, de toute façon je n’ai pas mieux à faire de mon temps et cela m’amuse de le voir attendre.
Un peu plus tard, j’entends le pas de course de Truc se rapprocher et alors qu’elle venait de pénétrer dans la chambre, le colosse se met brusquement en action et la chope par le bras. La goule couine alors, ne s’attendant certainement pas à une telle réaction. J’ordonne à Kretain de la relâcher alors qu’il s’apprête à lui envoyer une droite en place tronche.
Il s’exécute et là en voyant ces deux spécimens, l’évidence me crève les yeux : J’ai une base pour une nouvelle équipe !
« Truc, sais-tu si le crétin à des compatriotes dans l’hôpital ?
- Vi, son cousin, il est anesthésiste.
- Inutile de me préciser sa méthode pour endormir les gens.
- Ah ! ça veut dire ça ?
- Quoi… anesthésiste ?
- Vi ! J’ai appris le mot mais je ne comprenais pas, et c’est donc pour ça qu’il tape sur les gens ! Mais et lui alors, il ne l’est pas mais pourtant il tape aussi…
- Lui c’est pour les réveiller.
- … »
Pour le coup, je me rends compte que l’incompréhension de la goule, n’est pas franchement injustifiée. Il faut quand même être tordu pour trouver une solution pareille.
« Laisse tomber, des fois, il vaut mieux ne pas comprendre ! »
De toute façon, ce qui compte pour moi c’est que le cousin doit taper encore plus fort que Kretain.
« Maintenant, il faudrait trouver 2 revenants et 2 loups-garous…
- Pour les revenants, il n’y a pas de souci la moitié des médecins ici le sont plus ou moins…enfin revenant, ils le sont, c’est médecin qu’ils sont plus ou moins !... , par contre il n’y a pas beaucoup de garous.
- Les revenants, il me les faut avec de la poigne, un maximum.
- Ben déjà il y a Kono, le mec de la sécurité, il passe son temps à virer les gens par la force, et pis aussi Mauch, il tape sur les gens pour redresser les muscles et les os…
- Un Kiné ?
- Vi c’est ça…
- Et les garous alors ?
- Je ne vois que Cloporte et Cafard, ils sont de la même portée et ils ont bouffé les 4 autres.
- Mais c’est très bien ça ! Dis à tout ce petit monde de venir me voir tout de suite. »
Truc file comme à son habitude, à travers les couloirs et au bout d’à peine, une heure ma chambre est pleine. C’est l’avantage de faire travailler des morts-vivants, ils sont disponibles 24h/24h de jour comme de nuit !
« Bien Truc, mais il manque un garou il me semble.
- Cafard, est dans un lit parce qu’il s’est fait boulotté un morceau de la jambe par un troll blessé, comme c’est lui l’urgentiste, ça lui arrive souvent.
- Tu veux dire qu’il y a un troll ici ?
- Vivant tu veux dire ?
- Ben oui !
- Alors non !
- Comment ça ?
- Ben, en général, lorsque Cafard se fait blesser, il s’emporte un peu… alors du coup, il a très légèrement découpé le troll en morceaux et pour éviter qu’il se régénère, il l’a un peu dévoré. Du coup il a fait une indigestion et il est alité.
- Mais je croyais qu’il était au lit à cause de… Non laisse tomber ! Par contre il faudra vraiment que je le vois dès que possible celui-là aussi. »
Il est hors de question de se passer d’un mangeur de troll !
« Truc, maintenant je voudrais que tu ailles me chercher 5 zombis, j’aimerais assez QI et pour les autres prends seulement ceux qui te paraissent les moins décomposés ça ira bien. »
Je profite alors du départ de la goule pour présenter mon idée. Rapidement, je me rends compte, que j’aurais pu parler de betterave ou poisson pané, ça n’aurait pas changé grand-chose. Au final, je décide juste de leur dire :
« Bon, maintenant être équipe de Blood Bowl ! Vous, continuer de taper pour votre entraînement et surtout ne rien dire à personne »
Je vois alors les deux golems qui jouent avec leur bave, les deux revenants prêts à en venir aux mains pour s’entraîner et même le garou qui ronfle contre le mur. Je dois faire encore plus simple…
« Bon quand moi siffler, vous venir ! »
Là, je vois qu’ils ont été réceptifs et moi je me sens particulièrement seul…
Je les renvoie et attends la venue des zombis et je renvoie encore une fois Truc faire une course. Je ne veux surtout pas qu’elle se rende compte que je monte une équipe et encore moins que je compte sur elle pour jouer au Blood Bowl.
« QI, il parait que tu es intelligent, pour un zombi j’entends.
- C’esst pouur ça que c’essst mouuaaaaa qui poooorte les plaaaaateaux !
- Bon alors je t’explique, je viens de créer une équipe de Blood Bowl et je compte sur toi et tes pairs pour en faire partie.
- Bieeeeeen ! J’aiiiime Blooooood Booooowl ! »
Ce zombi est vraiment intelligent ma parole, ça c’est vraiment une bonne nouvelle, il pourra me servir de relais sur le terrain. Décidément quelque chose me dit que cette équipe peut vraiment devenir performante.
Toutefois en contemplant de plus prêt les zombis, je m’aperçois que l’un deux n’a qu’un seul bras.
« Euh ! Dis donc QI. Ton pote là, il fait quoi ici ?
- Luuuii Léééécheeuuuur de viiiiitres.
- Non, je veux dire ici, dans la pièce ! Il lui manque un bras.
- C’eessst pooouuuur çççaaa, luuuuiii léchhhher les viiiitres !
- Je vais reformuler : Je ne veux pas de manchot dans l’équipe ! Déjà que la plupart des joueurs ont l’air de l’être avec leurs 2 bras.
- Pouuurrrquoii ?
- Ben, ce n’est pas franchement pratique pour le ballon, tu comprends ?
- Jouuuer le ballonnn ???
- Bon ! C’est vrai que d’un autre côté, y a quand même peu de chance qu’il le voit un jour d’accord, mais on ne sait jamais ce qui peut se passer sur un terrain de Blood Bowl ! J’ai vu des trucs incroyables parfois… j’ai même vu un saurus réussir une interception contre une équipe d’elfes, c’est vrai !
- Pooouuurquoi faiiiire ?
- Oui, ce n’est pas faux…si je pars dans des explications techniques avec des zombis, je ne suis pas rendu à la fête foraine des fées de bois. Bon, je suppose que de toute façon tu as fait ton choix, et puis ce n’est pas comme si ça vous servait vraiment les bras après tout. »
(part 6)
Il y a bien quelques inconvénients à monter une équipe de Mort-vivants mais il faut avouer que le principal avantage, c’est qu’ils n’ont absolument pas besoin d’entraînement. Les mecs ont juste besoin de taper ou de griffer et les goules sont naturellement agiles.
« Bien, alors je compte sur toi et tes copains, je vais voir dans quelle compétition nous inscrire et nous ferons un premier match d’essai.
- D’aaaccord, maaaiiis cooommbien paaayer ? »
Et oui, l’intelligence n’a pas que du bon pour un coach.
« Ecoute, pour le moment, je dois d’abord voir si ça tiens la route, ensuite on verra votre salaire.
- Mooonnn Saaaalaiiiiire ! Paaas les auuuutres, euuuux paaas besoiiinn !
- Là tu commences vraiment à me plaire ! Je t’explique, Elmut n’est pas au courant et c’est bien comme ça ! Dès que nous aurons du cash, je te paierai mais pour l’instant il me faut surtout du sang elfe… tu pourrais me trouvez ça ?
- Ouuuuiiii !
- Parfait ! Apporte-m’en dès que tu peux et tu ne seras pas déçu de ton salaire. Il me faut aussi un nom pour l’équipe et j’avoue qu’à part des noms du style : Les TroKons ou les Sanscerveaux je n’ai pas des masses d’idées»
QI me regarde alors, comme Truc le fait lorsqu’elle est en pleine réflexion, je suppose donc que c’est une constante chez les morts-vivants, enfin pour ceux à qui il arrive de réfléchir, bien entendu.
« Iciiiii, Hoooosssspppiiiital !
- Brillant comme idée ! Mais il faut quelque chose de plus que juste hospital… disons par exemple les Rebus del Os Pital, ça fait un peu plus recherché non ? »
QI se met alors à émettre un long sifflement qui ressemble à l’appel d’une bouilloire sur le feu, puis je comprends qu’il doit s’agir d’une sorte de rire. Je me demande alors ce qui est le plus effrayant, voir une goule pleurer ou un zombi rire ? En tout cas, je n’ai jamais entendu parler que c’était possible et maintenant je comprends pourquoi. Je n’ai pas fini de faire des cauchemars avec une team pareille.
En tout cas, en dehors de ces visions d’épouvante, la nuit a été fructueuse, j’ai réussi à monter une équipe en un temps record et j’ai même espoir qu’elle puisse faire des choses remarquables. Pensez donc avec des loustics pareils ! Une goule gourmande, un zombi intelligent et un loup-garou mangeur de troll, ce n’est pas rien.
Bon d’un autre côté, on pourrait dire que c’est une équipe avec un goule qui pleure, un zombi qui rit et un autre manchot, et là c’est sur que cela le fait moins au niveau du prestige !
Je prends mon bloc-notes et fais la liste des joueurs en y ajoutant mes premiers commentaires, sinon je serai incapable de me souvenir de la moitié des noms, déjà qu’avec, ce n’est pas gagné. D’ailleurs je me demande toujours pourquoi alors que j’ai plutôt une bonne mémoire, je ne retiens que rarement les noms ? Sans doute parce qu’au fond je m’en fous complètement… sûrement !
En tout cas je compte bien mettre à jour des fiches complètes afin de pouvoir m’aider, si jamais un nouvel « accident » de minotaure m’arrive, car je n’ai aucun doute sur les capacités d’Elmut à renouveler ce genre d’expérience, surtout lorsqu’il s’apercevra que son coup de fourbe à foirer bien comme il faut.
Pour le moment, il faut avouer que j’ai fait carton plein aujourd’hui ! Décidément, il y a des jours où tout va bien et ces jours là, il faut vraiment y aller à fond !
Du coup, je fais rappeler Truc et lui demande, d’aller au bureau des inscriptions de la Cabalvision et de me rapporter l’ensemble des compétitions encore ouvertes aux inscriptions. Quitte à faire double emploi de coach autant éviter de multiplier les organisations et c’est plus pratique en cas de chevauchement des matchs, sans compter qu’en terme de corruption c’est bien plus économique, même si d’après tous les échos que j’ai eus, c’est une organisation qui est particulièrement gourmande !
En parlant de gourmande, je vais devoir régler rapidement cette histoire de peur avec Truc car il est clair que sans elle l’équipe perd tout de même beaucoup de son intérêt. J’espère donc ne pas avoir été trop présomptueux et que mon intuition la concernant sera juste.
Les heures s’écoulent et je ne vois toujours personne revenir, ni QI avec le sang Elfe, ni la goule avec les informations, ni d’ailleurs Elmut mais là c’est plutôt un soulagement car moins je vais le voir durant mon séjour, dans l’hôpital comme chez les A Drow Bates d’ailleurs. Tiens cela me rappelle également qu’ils sont toujours en attente de réponse de la Cabale et qu’en attendant, je n’ai toujours pas eu d’entretien avec les joueurs… bah ! Ce n’est pas comme s’ils étaient tout seuls, il y a le suppléant qui s’occupe d’eux et puis cela occupe également Elmut, donc c’est doublement positif.
Enfin ! Je vois QI apparaître avec un flacon contenant un liquide ressemblant à du sang. Je vais pouvoir voir si truc est aussi gourmande que je le pense.
Par contre, la visite suivante n’est pas celle que j’attends avec impatience, car c’est Elmut qui passe la tête à la porte de ma chambre.
Il vient prendre de mes nouvelles, et semble avoir toutes les peines à dissimuler son intérêt pour le flacon posé à mon chevet. Cependant, il n’aborde pas le sujet et prend simplement de mes nouvelles, je lui fais part de l’amélioration de mon état et cela semble, lui faire particulièrement plaisir, un peu trop d’ailleurs pour que cela soit honnête. Je n’ai pas encore réussi à cerner entièrement ce personnage étrange mais j’ai désormais un à priori très précis le concernant. En tout cas, sa bonne humeur me rassure sur un point, il n’a absolument pas eu vent de ma petite initiative concernant les rebus del Os pital.
Me voyant, peu amène à son encontre, il finit par se rendre à l’évidence qu’il n’obtiendrait pas grand-chose de moi et préfère repartir se consacrer à ses tâches de propriétaire de club. Ce qui m’amène à me demander quelles peuvent-elles être ces fameuses tâches ? Et ensuite à me dire que quelque part, moi aussi maintenant j’ai une équipe bien à moi, mais sans terrain et surtout sans compétition d’ailleurs !
(part 7)
Bien plus tard la goule revient enfin. Je ne peux d’ailleurs lui faire remarquer qu’elle a bien pris son temps.
« Mais coach ! C’est le bureau qui était fermé ! Y avait personne cette nuit et la matinée non plus d’ailleurs ! En fait, la permanence a ouvert à midi, et pis ils ont fermé dès que je suis sortie d’ailleurs !
- Bon tu as ce que j’ai demandé au moins ?
- Vi coach ! »
Là-dessus, Truc me tend une simple feuille :
Je remplis le formulaire d’inscription joint et une fois terminé, je regarde attentivement Truc, je crois que c’est le moment.
« Bon, je crois que cette fois, on a tous les éléments ! Enfin il reste un point…et il te concerne !
- Coach ? »
Je prends alors le flacon de sang et le met bien en évidence. La goule arrive à peine à ne pas se ruer sur moi, elle bave absolument partout et je sens même l’humidité envahir le bas de mon lit. C’est écoeurant à l’extrême. Je vois une lueur étinceler peu à peu dans son regard, je dois faire vite, car dans quelques instants, elle sera hors de contrôle et elle pourrait me bouffer le bras pour avoir le flacon.
« Truc, écoute moi bien ! Tu veux du sang d’elfe n’est-ce pas ?
- Vi, vi coach !
- Et tu vas l’avoir, mais je veux ensuite que tu me rendes un grand service
- Vi vi coach !!! »
Devant la gueule qui se rapproche de moi dangereusement, je préfère ne pas pousser plus loin la chance et je lui lance le flacon.
Moi qui m’attendais à la voir se jeter, j’en suis pour mes frais, je vois Truc prendre délicatement le flacon et le contempler comme un nain devant une pièce d’or : l’admiration absolue.
Elle ouvre ensuite la fiole puis se délecte du nectar presque lentement.
Je préfère ne pas intervenir et la laisser profiter pleinement de son moment d’extase.
Une fois le flacon terminé, je la vois tenter désespérément de récolter les dernières gouttes au fond du récipient. Pendant un moment, j’ai presque eu envie de goutter le breuvage, tellement son plaisir semblait complet. Enfin je dis bien presque !
« Bon alors, était-ce à ton goût ?
- Vi coach !
- Tu aimerais en avoir encore ? »
Au fond, ce n’est même pas une question, l’évidence est tellement flagrante dans son sourire.
« Maintenant tu sais que je n’ai qu’une parole et sache que je peux t’en fournir encore.
- Que dois-je faire coach ?
- Pour ça, il va juste falloir que tu fasses, ce que tu fais très bien normalement. Il suffira que tu cours aussi vite que tu peux quand je te dirai de courir. Admets que ce n’est pas bien compliqué !
- Oh non coach !
- La seule différence avec ce que tu fais quand on te le demande, ce sera que tu devras bien faire attention de ne pas perdre ce que tu auras dans les mains. Mais je t’ai déjà vu le faire, donc je suis sûr que cela ne posera aucun problème.
- Oh non coach !
- En plus, ce ne sera même pas lourd, donc tu pourras vraiment courir vite.
- C’est tout ? Et je pourrai avoir du bon sang elfe ?
- Tout a fait !
- Donne coach, donne coach !
- Non ! non ! Pas tout de suite mais bientôt je te promets.
- Ok coach !
- Alors on est d’accord ?
- Vi coach !
- C’est parfait ! Maintenant tu vas aller porter ce papier au bureau de Cabalvision. Plus vite tu auras tous les papiers de confirmation, plus vite on saura quand tu pourras avoir une nouvelle récompense.
Cette fois Truc part encore plus rapidement que d’habitude, elle semble véritablement survoler le sol. Si vite qu’à la voir, je sens des petits picotements d’excitation au niveau de mon ventre. Cela fait si longtemps que je n’ai rien ressenti d’agréable à ce niveau là que j’ai presque l’impression de renaître ainsi que mon envie de match.
Cette envie je ne la contemple pas que chez d’ailleurs car je peux voir passer de temps à autre, dans le couloir, les futurs joueurs de l’équipe faisant preuve d’un zèle peu coutumier dans ces lieux. Même les zombis semblent faire la course, enfin à leur niveau bien sûr, mais tout de même assez visible pour que cela se remarque. Le plus inquiétant concerne Cloporte qui a réussi à trouver le moyen de tuer deux autres patients, dont un ogre qui venait à l’origine pour changer un bandage à sa cheville. Je suis maintenant absolument sûr que le secret ne tiendra et qu’il va falloir que l’on fasse notre premier match au plus vite.
Déjà Truc revient, je pense qu’elle a vraiment dû battre tous les records de vitesse cette fois-ci et elle n’est même pas essoufflée, bon en y réfléchissant un peu cela parait assez logique puisque je ne l’ai jamais vu respirer, mais cela ne retire rien à l’exploit ! Par contre son regard fuyant et ses trépignements me laisse plus perplexe. Elle me tend un parchemin que je m’empresse de décacheter :
« Cher Coach,
Nous avons bien compris que votre équipe et vous-même souhaitiez participer à notre tournoi illégal Black Bowl et nous tenons avant tout à vous remercier de l’intérêt que vous portez à notre organisation et à vous informer que nous vous avons inscrit sur notre liste.
Je tiens néanmoins à vous faire remarquer, que nous avons plus l’habitude de recevoir des cadeaux de remerciements sous forme d’objets divers en or et autre métaux précieux et que nous apprécions particulièrement les petits objets plats et circulaires que nous appelons communément « pièces de monnaie », mais qu’en aucun cas nous souhaitons que ces marques de reconnaissance nous parviennent sous la forme de baffes envoyées par une goule surexcitée.
Toutefois nous avons été « touché » par l’entrain que votre joueur a su nous montrer et nous espérons sincèrement pour vous que l’ensemble de votre équipe est autant motivé pour notre tournoi car cela est toujours bon pour le spectacle.
Sachez malgré tout que, désormais deux gardes du corps ont été mis en place à l’entrée de nos bureaux et qu’ils ont ordre d’exécuter à vue, toute goule s’approchant à moins de 50 mètres de notre vitrine. Merci donc de prendre note d’envoyer désormais des émissaires plus calmes et les bras chargés d’autre chose que de nerfs et de muscles.
Enfin, nous vous prions de noter que votre prochain match se déroulera demain soir à la tombée de la nuit dans la crypte de l’équipe du souffle d’Amonbophis.
En vous souhaitant un bon carnage (hors de nos bureaux cette fois).
Le comité.
La feuille du match est jointe à la lettre, le souffle d’Amonbophis est une équipe de Khemris qui visiblement débute également, là encore c’est un soulagement. Les Khemris débutants ne sont pas les pires adversaires que l’on puisse trouver, nous aurons l’avantage de la vélocité…
Je demande à Truc de me trouver QI afin qu’ils m’obtiennent à eux deux toutes les informations possibles sur cette équipe et son coach, un certain… Moz !
Puis je m’allonge et essaie de trouver le sommeil, et oui ! C’est sans aucun doute le plus gros avantage des mort-vivants : vous pouvez les faire bosser pendant que vous dormez !!!
Dès mon réveil, je constate que mes deux volontaires forcés, ont réuni tout ce qu’il leur tombait sous la main et qui portait une mention plus ou moins proche des mots : souffle Amonbophis ou Moz. Je ne vais pas non plus me plaindre car je dois avouer que c’est déjà un miracle que je me suis accoquiné avec, sans doute, les deux seuls mort-vivants qui savent lire de toute la région.
Je passe donc une bonne heure à trier les divers papiers et à exclure les parchemins de souffle du dragon, les recettes de soufflet aux pommes et de tomates Mozzarella ou encore le roman « Jamais sans mon bophis », pour ne garder que ce qui concerne réellement l’équipe en question.
Par contre, je m’aperçois que j’ai été plutôt optimiste en ce qui concerne les informations car elles ne sont vraiment pas très importantes et même celles concernant où se trouve leur crypte ne m’aide pas étant donné que je ne sais même pas où se trouve l’hôpital dans lequel je me trouve. Heureusement QI me fait un trrrrrèèès llloooonnnng topo des informations qu’il a recueilli.
En gros j’apprends que la crypte se trouve à deux pâtés de maisons de l’hôpital, que l’équipe est réellement débutante mais que le coach adverse est loin d’être un faisan, ce que truc me confirme avec enthousiasme :
« Vi vi coach, c’est un grand commissaire de la Cabalvision, et il coach l’équipe des PsychoCats des elfes noirs. C’est lui qui a donné envie à maître Elmut, de monter une équipe d’elfes noirs d’ailleurs (séquence gros passage de pommade dans le dos,…certains paladins classieux appelleront cela également et à juste titre : salivage en règle d’attributs masculins à outrance sur la personne d’un haut commissaire de ligue dans l’exercice de ses fonctions) »
Il ne reste plus qu’à trouver un moyen de m’emmener là-bas sans que mes entrailles se répandent à nouveau sur le sol, mais là encore QI a une solution : Cloporte !
Ca y est cette fois je me sens revivre vraiment ! Même assis dans un fauteuil moisi et condamné à y rester jusqu’à la fin du match, même dans l’air de cette crypte, plus putride encore que celui de l’hôpital et même avec cette impression que l’on va passer pour des gros bouffons des abysses.
(part 8 )
« Bon ! Un match contre les Khemris, ça va être un bon test. »
Depuis que j’ai appris la nouvelle, je ne cesse de me répéter cette phrase, comme une litanie rassurante. Pourtant les doutes m’habitent toujours et je ne parviens pas à me dire que ces joueurs ne sont pas les pires que j’ai pu rencontrer. Il faut dire que depuis que je les ai briefés, ils ne cessent de se taper sur la tronche dans les couloirs de l’hôpital, soi-disant pour s’entraîner. Tout l’établissement ne vit plus qu’au rythme des bastons du staff médical. Si jamais Elmut ne se doute pas déjà de quelque chose c’est véritablement un miracle.
Mais pour le moment c’est le match qui compte « So match go on ! » comme le disait Bahikiir !
Je donne encore une fois mes consignes, non pas que je me fasse des illusions mais uniquement parce que cela me soulage un peu :
« Je veux que tout le monde les bloque et ensuite vous les bloquer encore ! Sauf le loup-garou et la goule ! Vous deux, vous restez derrière et quand Truc a le ballon, Cloporte tu défonces tous les ennemis pour faire un passage à Truc qui va mettre le touchdown. Ce n’est pas sorcier quand même ! »
Je les contemple alors, avec cet air de… « ben coach j’ai rien compris ! » qui va si bien aux joueurs de Bloodbowl, cela me donne presque envie de pleurer d’émotion lorsque je m’imagine leurs visages niais écrasés sous les crampons adverses. Et bien oui ! Pour être coach de Bloodbowl, il faut certes aimer le Bloodbowl mais il faut avant tout détester les joueurs. Si jamais vous lâcher votre attention rien que d’un poil, vous vous attachez et donc vous prenez les mauvaises décisions. Franchement que deviendrait ce sport si vous ratiez un point pour sauver la vie d’un joueur ?
En plus, je ne peux m’empêcher de sourire à la pensée dans retrouver un dans un lit comme celui dans lequel j’ai été coincé depuis que j’ai repris connaissance.
Je constate qu’il faut encore que j’attise la gourmandise de la goule car, cette fois et malgré mes précédentes tentatives elle est réellement au bord de l’évanouissement.
« Truc, pense à tout le sang elfe que tu vas pouvoir goûter après ! Du bon sang presque encore chaud… »
Je me fais vraiment l’impression d’un gros pervers avec cette méthode mais certaines fois on n’a pas non plus vraiment le choix… et puis c’est la seule chose qui marche, elle arrête alors de trembler pour se mettre avec un peu de chance les mecs d’en face penseront qu’elle veut leur bouffer un os.
Les cloches de la crypte résonnent (et bien oui que voulez-vous qui « raisonnent » dans une crypte à part les cloches ?) c’est un glas classique mais qui fait toujours son petit effet d’habitude, bien entendu surtout quand l’équipe adverse n’est pas elle aussi déjà morte.
Mes joueurs se regardent apparemment sans vraiment comprendre ce que l’on attend d’eux maintenant.
« Allez ! Go ! Sur le terrain, les crétins !!! »
J’entends alors QI qui, encore une fois, siffle de la trachée artère. Mais c’est qu’il se marre encore cet enfoiré !
Il me jette un coup d’œil et dans son regard je perçois un éclat de complicité envers moi, puis, une fois les autres sur le terrain, il me glisse :
« Si l’on remporte la victoire, il faudra que l’on garde ton cri de guerre : il est simple et il rappelle aux gars ce qu’ils doivent faire, parce que même pour des morts-vivants, ce ne sont pas des flèches !
- Mais, mais tu parles très bien en fait sale hypocrite !
- Il faut un peu de mise en scène pour ne pas décevoir ! Les gens se méfient moins lorsqu’ils tombent sur un zombi qui correspond à ce qu’ils attendaient ! Et puis, les autres zombis ne me comprendraient pas si je parlais toujours comme ça !
- On en parlera après le match. »
Cette fois il n’y a plus aucun doute, je suis vraiment tombé sur une perle avec celui-là et son nom est vraiment parfait pour lui !
Sur les terrains les insultes pleuvent déjà, ainsi que les amphores de Bloodweiser. Avec une ambiance pareille, les rebus vont vraiment se croire à l’hôpital, parfait ! Le tout étant qu’ils ne se rendent pas compte que ce sont des amphores et pas des plats bassins qui volent mais connaissant l’odeur de la Bloodweiser, il y a de fortes chances qu’ils prennent cela pour de la pisse…
Ce sont les Khemris qui choisissent le pile ou face et pendant ce temps, Heing l’anesthésiste contemple la scène, hagard et la bouche répandant sa salive partout sur le sol. Tiens il faudra que j’étudie cela comme une tactique : le faire baver pour faire glisser tout le monde.
Les khemris ont perdu et l’arbitre attend la décision du golem, on n’est pas sorti de la tourbe ! Il n’a pas inventé la recette de la saucisse à pattes celui-là ! Non mais franchement… attendre qu’un golem fasse un choix pareil !
Heureusement QI s’approche et choisit la réception. Décidemment malgré toute ma volonté je vais finir par l’adorer ce joueur !
Je hurle mes consignes de placement, cette fois on y est !
Et c’est parti, le coup d’envoi est donné !!!
La balle vole et retombe loin derrière la défense. J’en profite pour regarder ce fameux Moz, il a visiblement encore plus de problème pour se faire comprendre ! Il est déjà à deux doigts de s’arracher les cheveux enfin ceux qu’il lui reste, il s’aperçoit que je le regarde et me regarde à son tour en haussant les épaules en signe d’impuissance. Au final, nous les coachs on a beau être opposés, on est vraiment dans la même galère.
Une énorme amphore vole au-dessus du terrain et vient atterrir en plein dans la mouille de Heing. Il s’effondre comme une bouse de Prousaure (un énorme dinosaure cousin des saurus et réputé pour la densité particulièrement élevée de sa matière fécale. Il semblerait que cette particularité est un rapport avec le fait qu’il se nourrisse exclusivement d’orques noirs. Cela se tient surtout lorsque l’on pense que ces orques se trimballent toujours en armure)
Par réflexe je cherche le responsable (essentiellement parce qu’un lanceur de cette qualité ne se voit pas tous les jour) mais il est déjà en train de se faire démembrer par des anciens patients de l’hôpital. Dommage !
L’arbitre fait signe de poursuivre le match et déclare une chute naturelle de rocher. La tronche du rocher vraiment ! Il n’y a plus aucun doute on est bien dans un match de Bloodbowl.
Les zombis arrivent au contact des momies adverses, elles sont tellement nombreuses qu’on dirait qu’elles sont partout. Le dernier golem debout ne pourra jamais résister à lui tout seul.
Les revenants colmatent les trous dans notre défense à coups de baffes et Truc se précipite à quatre pattes sur la balle et parvient à la prendre du premier coup !
Cloporte fonce alors sur le coté de la défense adverse, frappe et Malph-Ra se brise le cou en tombant, heureusement il ne sent vraiment plus rien au niveau des cervicales, il sera donc sur pied pour le prochain engagement.
La suite de l’action se résume à une série ininterrompue d’échange de baffes de tout poil, Exlibris se retrouve sonné mais les joueurs n’arrivent pas à bien tabasser comme il faut. Seul Cloporte semble à son affaire et sème de trouble même parmi les momies, enfin jusqu’au moment où Fleurimerogis décide de s’en mêler. Il frappe et Cloporte répond, les deux s’effondrent mais maintenant une brèche est ouverte. Je hurle à Truc de s’y faufiler.
Elle baragouine dans sa barbe et fonce malgré ses genoux tremblants.
Elle saute et réussit à éviter le dernier défenseur, ça y est, avec sa vélocité les Khemris ne pourront plus la rattraper. Enfin à part Exlibris qui était resté en défense et qui tente de la choper mais Truc saute avant qu’il est eu le temps de taper et file au touchdown.
QI place ses coéquipiers en défense selon mes ordres et c’est au tour des Souffles d’attaquer mais il ne reste plus beaucoup de temps avant la mi-temps.
Fleurimerogis prend le ballon et ses coéquipiers recommencent le festival de baffes. QI et Kretain en subissent les conséquences et se retrouvent sonné pour le compte mais l’équipe tient le coup et l’arbitre siffle la mi-temps.
Les Rebus semblent véritablement motivés et j’attise encore le feu, QI est particulièrement excité et me parait vouloir se venger de la bâche qu’il s’est prise.
Encore une fois, mon équipe se place en défense et encore une fois le pack des Khemris essaie de forcer le passage. Epidema Hiss tente un contournement mais je vois QI qui se glisse déjà dans son dos et qui lui envoi un coup de coude au niveau de la nuque. Epidema tombe lourdement et le joueur sort sur une civière. Je le vois ensuite se remettre lentement debout, visiblement il n’aura pas de séquelle.
Et toujours les mandales sont fusent de toute part et les rebus ont toutes les peines du monde à contenir les momies. Mais les baffes ça fatigue non seulement ceux qui les reçoivent mais également ceux qui les donnent et je commence à voir les Khemris commettre des erreurs qui les empêchent de profiter de leur puissance c’est d’abord Malph-Râ qui tombe en voulant mettre une tatane puis Fass Delhrâ commet la même erreur … 2 fois ! Cette fois, c’est sûr ! Ils sont trop loin pour pouvoir marquer avant la fin du match.
L’arbitre siffle et les Khemris sortent sous une pluie d’amphores.
Moz semble déçu et jette un regard assassin à ses joueurs, j’en connais qui vont passer un sale quart d’heure !
Fin de la 1ère Saison
la saison 2 se trouve ICI
Dernière édition par MadHogan le Mar 13 Déc - 19:20, édité 19 fois